10 juillet 2018
La farce des cryptos et ses dindons
Le Yi-King est-il un bon outil d'aide à la décision en matière de trading ? Peut-être bien, si l'on se fie à l'oracle qu'il avait fourni aux lecteurs de ce blog à propos du marché des cryptos le 2 janvier 2018 : PROSPERITE (La Paix) / Trait 6 - Après avoir culminé à la ligne précédente, la Prospérité "se fane". L'avertissement était on ne peut plus clair. Et on pouvait s'y fier.
Un mois plus tard, le marché des cryptos s'effondrait, et perdait un deuxième tiers de sa valeur, après avoir perdu le premier lors d'une secousse annonciatrice à la mi-janvier. Il se retrouve peu ou prou, au milieu de l'année, et après avoir encore fluctué à la baisse pendant quelques mois, au niveau où il était tombé après le crash qui a suivi, le 6 février dernier.
Depuis, la répétition du scénario du précédent crash du bitcoin, début 2014, que nous évoquions dès la mi-janvier sur ce blog (lire mon récit de cette première grosse bulle du bitcoin et de son éclatement), ne se dément pas. Les traders aiment bien ce genre de récurrences dans les charts. C'est sur elles que se fondent leurs outils d'analyse financière pour produire des oracles qui ne reposent pas plus sur des fondamentaux économiques que ceux du Yi-King.
La figure, qui est celle de la formation d'une bulle spéculative et de son éclatement, est d'ailleurs bien connue des spéculateurs. A une première phase d'amorçage dite "cachée", au cours de laquelle ceux qui ont le plus de flair ou de chance achètent au plus bas, succède une phase de "prise de conscience", au cours de laquelle les investisseurs institutionnels commencent à saisir l'opportunité d'acheter à un prix encore relativement bas, ce qui suscite l'intérêt des médias et déclenche la troisième phase, dite phase "maniaque".
C'est pendant cette troisième phase, qui voit la cupidité le céder à l'illusion, et le plus grand nombre se ruer sur la nouvelle valeur, faisant grimper son prix en flèche, que les moutons se préparent à être tondus. Ils achètent, achètent, achètent, dans l'espoir que tout cela continuera à grimper jusqu'au ciel (to the moon, expression consacrée), alors que les investisseurs institutionnels commencent à vendre une partie de leurs avoirs et à prendre des bénéfices sur leur dos.
Dès lors, les prix commencent à baisser, ce qui déclenche la panique et la quatrième phase : celle de l'éclatement de la bulle. Tout le monde se met à vendre, ce qui finit par provoquer un crash. Les moutons essuient les pertes qui ont gonflé les gains des spéculateurs les plus aguerris, lesquels recommencent à prendre des positions lorsque les prix sont au plus bas, convaincus qu'une nouvelle phase d'amorçage "cachée" se profile.
Les cryptos sont clairement, aujourd'hui, des valeurs essentiellement spéculatives, comme le furent les actions de milliers de start-up Internet à la croisée des années 90 et 2000, ce qui a mené à l'éclatement de la bulle que l'on sait. Ont-elles un avenir en tant que telles ? La réponse est oui, tant qu'il y aura encore des bulles, et des moutons à tondre en amont de leur éclatement. Choisis bien ton camp camarade, ou reste en dehors du jeu. La partie ne tardera pas à recommencer.
Les investisseurs institutionnels ont commencé à assainir le marché, ou plutôt à faire place nette, avant d'y entrer avec leurs produits dérivés. Ils ne sont pas les seuls à être soupçonnés d'avoir manipulé le prix des cryptos dès la fin 2017. Les "exchanges" furent certainement de la partie, ainsi que des robots logiciels de toutes sortes, appelés bots. Autant dire que les eaux regorgent de requins, qui se tiennent en embuscade en amont de la prochaine envolée. La grosse vague des cryptos n'est probablement pas encore arrivée. Mieux vaudra savoir la surfer.
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